Le Mémorial
Jean Moulin
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Manifestations 2014 - Cérémonie du 27 mai 2014
Le 27 mai 2014 revêt une importance toute particulière dans notre calendrier. En effet, le 19 juillet 2013, M. le Président de la République promulguait la loi votée par le Sénat et l'Assemblée Nationale instaurant le 27 mai journée nationale de la Résistance. Ainsi pour la première fois, de nombreuses villes nous ont rejoint dans notre tradition d'honorer la Résistance, le Conseil national de la Résistance et son premier président Jean Moulin. A Salon-de-Provence, au Mémorial Jean Moulin, c'est à 10h ce 27 mai 2014, 71ième anniversaire de la 1ère réunion du Conseil national de la Résistance présidée par Jean Moulin, que nous avons honoré la Résistance, en présence des plus hautes autorités civiles et militaires, d'une importante délégation de la base 701, des associations patriotiques et de leur drapeau, de nombreux élus, de scolaires et d'un public nombreux. Cette cérémonie solennelle organisée par la Ville de Salon-de-Provence et le Comité régional du Mémorial Jean-Moulin, fut placée sous le haut patronage du Secrétaire d'État délégué au Ministère de la Défense chargé des Anciens Combattants,
Texte lu par Ombeline, élève du lycée Adam De Craponne et Pauline, élève du collège Jean Bernard, toutes deux 1er prix du concours de la Résistance et de la Déportation de Salon : Le 27 mai 1943, au nez et à la barbe de l'occupant, au 1er étage d'un immeuble ancien du quartier parisien de St-Germain-des-Prés, 16 hommes sont accueillis par le "Commissaire national en mission" Jean MOULIN, "représentant personnel du général de Gaulle en France". Cette première réunion constitutive du "Conseil National de la Résistance" reste dans notre histoire nationale comme celle de l'union de toute la Résistance qui allait conduire notre pays à sa Libération et préparer le retour de la République, évènements que nous célébrons officiellement pour la première fois cette année le 27 mai sous le nom de "Journée nationale de la Résistance". Pour l'illustrer, écoutons les premiers mots solennels prononcés par Jean MOULIN à l'intention des seize présents au 48 rue du Four, représentant huit mouvements de résistance, six partis politiques et deux syndicats, situés sur toute la gamme de l’échiquier politique, de la droite aux communistes : " Pour la première fois depuis juin 1940, les représentants désignés de tous ceux qui, en France, ont refusé ou refusent la défaite et la collaboration se trouvent réunis à l'appel du représentant du général de Gaulle. Votre présence ici, manifeste de votre accord pour la création du Comité national de la Résistance partie de la France combattante, dont les buts sont de faire la guerre, de rendre la parole au peuple français, de rétablir les libertés républicaines dans un pays, le nôtre, d'où la justice sociale ne sera pas exclue et qui aura le sens de la grandeur. J'ajoute que la présence des partis politiques ne doit pas être considérée comme sanctionnant leur reconstitution tels qu'ils fonctionnaient auparavant. Et maintenant, je vais vous donner lecture du message que vous adresse le général de Gaulle : "Dans cette guerre où la Patrie joue son destin, la formation du Conseil National de la Résistance, organe essentiel de la France qui combat, est un évènement capital. L'unité des buts et des sentiments établie depuis longtemps entre la masse de la Nation qui lutte sur son territoire et ceux de ses fils qui combattent au-dehors, se traduit désormais par l'unité dans l'action. […] Il appartient à ce Conseil de recueillir toutes les données et de susciter tous les travaux qui pourront éclairer la Nation et guider ses dirigeants dans le choix de la route qui la mènera vers son avenir. Tâche très étendue et très périlleuse… l'importance en est extrême." Suivra la lecture par Georges Bidault d'une motion préparée par Jean Moulin et lui-même, qui se voulait aussi l'exposé d'un véritable programme de politique générale. Elle va être approuvée à l'unanimité des présents, et débouchera, le 15 mars 1944, il y a 70 ans, sur un livret intitulé "Les jours heureux", plus connu sous le nom de "Programme du Conseil national de la Résistance".
Texte de l'allocution de Pierre Morel, Président du Comité d'Action de la Résistance : Cette année de commémoration se rappelle à nous tous avec force. Il y a 70 ans, la perspective d'un débarquement allié sur les côtés de France était un espoir pour nous les Résistants de l'ombre. L'adoption à l'unanimité du programme commun le 15 mars 1944 par les membres du Conseil national de la Résistance fut un acte fort de la démocratie et de la République clandestines conçu sous le joug nazi. Encore aujourd'hui, ce programme commun connaît une seconde jeunesse tant il est mis en avant par les personnalités politiques. D'Alger, devenue capitale de la France qui combat, se construisait l'organisation des pouvoirs publics à la Libération du territoire. Le 24 mars 1944, les femmes, elles qui n'avaient pas été en reste et avaient été volontaires dans la France libre comme dans la Résistance, obtenaient enfin le droit de vote. Le débarquement en Normandie le 6 juin et celui du 15 août sur les côtes de Provence nous insufflaient un nouvel élan dans les combats pour la Libération et le retour à la liberté. L'ordonnance du 9 août rappelle en son article 1, « la forme du gouvernement de la France est et demeure la République. En droit celle-ci n'a pas cessé d'exister ». Une à une les villes sont libérées soit par le retrait de l'occupant et l'arrivée des troupes alliées soit par l'insurrection comme à Marseille, Lille, Paris. La libération de la Capitale est indéniablement un grand événement fruit de l'action conjuguée de la Résistance intérieure et de la 2e division blindée du général Leclerc, Français libre de la première heure, et de la 4e division américaine. Elle concrétise le rendez-vous de l'homme du 18 juin avec le peuple de Paris et sa reconnaissance diplomatique de chef du gouvernement provisoire de la République française le 23 octobre par les Anglais, les Américains et les Soviétiques. Strasbourg libérée du joug nazi par la 2e DB est un symbole fort et un aboutissement du serment prononcé le 2 mars 1941 à KOUFRA oasis italienne de Libye, inconnue des Français, par le colonel Leclerc, devenu Général. L'année 1944 n'est pas la fin de l'occupation totale du territoire français, ni celle de la fin des souffrances pour nos camarades déportés. Ce n'est qu'en mai 1945 après la capitulation allemande qu'arrive la délivrance des poches de l'Atlantique, puis la fin de la guerre sur le front du Pacifique le 2 septembre 1945 avec la signature de l'acte de capitulation des Japonais. Commémorer pour nous Résistants de la France combattante, c'est apporter témoignage de ce que furent les sacrifices endurés au nom d'un idéal qui avait nom la Patrie, la France, la Nation et la République. Notre quotidien était bien ce qu'a décrit Pascal Copeau « La Citadelle clandestine de l'honneur ». Comme l'a dit l'historien Laurent Douzou la singularité de notre combat de la Résistance a bien été « une morale en action. ». Pierre Morel Texte de l'allocution de Suzanne Gérard-Vaisse, Présidente du Comité régional du Mémorial Jean Moulin : Le 19 juillet 2013, Monsieur le Président de la République promulguait la loi votée par le parlement, instaurant le 27 mai "Journée Nationale de la Résistance". Depuis plus de 30 ans de nombreuses associations du monde combattant, dont l’ANACR et le Comité régional du Mémorial Jean-Moulin, demandaient cette reconnaissance. Ce 27 mai 2014 est donc pour la première fois célébré de manière officielle par la Nation "Journée Nationale de la Résistance". A l’heure où l’entraide et la tolérance faiblissent, il est important de rappeler les valeurs humaines qui ont habité les Résistants lors de la seconde guerre mondiale. En ce jour anniversaire de la première réunion du Conseil National de la Résistance, nous sommes réunis pour rendre hommage à ces combattants de l’ombre et à leur chef Jean Moulin. Rappelons que tout commence le 17 juin 1940 à Chartres. Il est dix-huit heures quand deux officiers allemands se présentent à la préfecture lui déclarant que le général désire le voir pour une communication importante. Un soi-disant protocole établissait que des crimes avait été commis sur des femmes et des enfants par des troupes noires. On exige du préfet Moulin qu’il appose sa signature au bas de ce protocole. Moulin refuse et déclare :"Je ne peux pas signer un texte qui déshonore l’armée française". Durant plus de 7 heures il sera sauvagement frappé puis jeté dans une pièce obscure dont le sol est jonché de débris de verre. Le temps s'écoule lentement, il s'interroge: « je sais qu’aujourd’hui je suis allé jusqu'à la limite de la résistance. Je sais aussi que demain, si cela recommence, je finirais par signer ». Les débris de verre lui paraissent salvateurs, ils peuvent trancher une gorge. Il exécute son geste, mais la mort ne vient pas. Trois jours plus tard il reprend ses fonctions à la préfecture. Suivront la révocation par le gouvernement de Vichy, la clandestinité à la recherche de contacts avec les groupes de Résistants, La Résistance Interne. Sous le nom de Joseph Mercier il quitte Marseille en septembre 1941 et arrive en Angleterre le 20 octobre 1941. Son retour en France se fait dans la nuit du 1er au 2 janvier 1942, il est parachuté avec ses deux compagnons Raymond Fassin et Herve Monjaret dans les Alpilles afin de rejoindre "La Lèque", la petite bastide qu’il possède à Eygalières. Commencera alors la lourde tâche qui lui a été dévolue : rassembler tous les divers mouvements de la Résistance, partis politiques et syndicats. D’innombrables déplacements, de multiples rencontres, un travail acharné et méticuleux, diverses couvertures : agriculteur à St-Andiol, marchand de tableaux à Nice. Enfin 16 mois plus tard c’est l’aboutissement ! Le 27 mai 1943, au 48 rue du Four à Paris, il préside la première réunion du Conseil National de la Resitance. Mais les nazis veillent et le tristement célèbre Dunker-Delage entretient un important réseau de renseignements qu’il retransmet à Klaus Barbie. Les rapprochements ne tardent pas à se faire et c’est dans la région Lyonnaise que Barbie va désormais se concentrer, jusqu’à Caluire. Le 21 juin, dans la maison du docteur Dugoujon, où devait avoir lieu une réunion secrète, Max et ses amis seront arrêtés par la Gestapo. Emmenés d'abord à l'école de santé, les prisonniers furent transférés à la prison de Montluc. Interrogatoires et tortures se succèdent, Barbie s’acharne sur Max qui quelques jours plus tard, en raison de son état, sera dirigé sur Paris puis transféré vers Berlin. Mais n’ayant pas survécu à ses blessures, il fut déclaré mort le 8 juillet 1943 à Metz. Les valeurs défendues par la Résistance restent encore de nos jours des valeurs modèles : la défense des valeurs patriotiques, la lutte contre les idéologies fascistes, la défense de la Paix. La Paix, quel beau mot à l’heure où nous n’entendons parler que de conflits dans le monde. Ces Résistants dont la seule devise fut de libérer le Pays pour que vive la France, ne doivent pas avoir donné leur vie pour que l’histoire tombe dans l’oubli. Vous tous et en particulier les jeunes n’oubliez jamais : ils sont morts pour que nous vivions libres ! Suzanne Gérard-Vaisse
Date de création : 06/06/2014 - 16:18 | Recherche
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