Mémorial Jean Moulin
Salon-de-Provence

Pour vous rendre au mémorial

Mémorial de Salon-de-Provence

Créé le 27 mai 1967 par toutes les associations issues de la Résistance des départements des Bouches-du-Rhône, des Alpes-de-Haute-Provence, des Hautes-Alpes, des Alpes-Maritimes, de Corse, du Var et du Vaucluse, le Comité régional du Mémorial Jean-Moulin a pour but, depuis l’érection du monument à Salon-de-Provence en 1969, de perpétuer et transmettre, notamment aux jeunes générations, les valeurs de la Résistance, celles de Jean Moulin et du Conseil national de la Résistance - que ce dernier a réuni pour la première fois le 27 mai 1943 dans Paris occupé -, et de rappeler la mémoire de Raymond Fassin et Hervé Monjaret, parachutés avec Jean Moulin dans les Alpilles le 2 janvier 1942.

Le monument du Mémorial érigé à Salon de Provence est une oeuvre du sculpteur Marcel Courbier, ami de Jean Moulin.


Historique du mémorial de Salon-de-provence

Par Michel Fratissier,
professeur agrégé d'histoire-géographie

Première pierre - document INA

Genèse et péripéties de la fondation du Mémorial

La création du mémorial de Salon s’inscrit certainement dans la ferveur mémorielle déclenchée par la panthéonisation de Jean Moulin en 1964. Si la mémoire de Jean Moulin est déjà très active dès 1945, on assiste à un élargissement de la spatialisation de son souvenir avec l’inauguration de très nombreux établissements scolaires, et de multiples rues et places dans des villes absentes jusque-là. Sa mémoire est aussi régulièrement activée par des cérémonies d’ampleur parfois nationale, comme à Chartres, en présence de de Gaulle en juin 1965.

Il y a donc bien un élan mémoriel dans lequel s’inscrit pleinement l’origine du monument même si Bernard Bermond, dans les très nombreuses conversations que j’ai eues avec lui à ce sujet, pensait que l’idée du mémorial était antérieure à l’entrée de Jean Moulin au Panthéon. Mais, sans trahir sa mémoire - d’autant que l’ensemble de ce texte soulignera l’immense travail effectué par lui-même et ses compagnons -, sur cet aspect chronologique, force est de constater que je n’ai pas retrouvé, dans leurs archives, de document antérieur à l’été 1965.

Il faudra quatre longues années pour qu’enfin le monument voie le jour en 1969 - l’année 1969 apparaissant comme un point d’orgue à cet élan mémoriel post-panthéonisation. Cette même année, Laure Moulin publie une remarquable biographie sur son frère.

Pour mieux saisir encore, dans une perspective chronologique, la création du mémorial, notons que nous pouvons distinguer deux phases essentielles entre 1965 et 1969. En 1965-1966, ce sont les lieux au sens matériel, souvent très simplement, qui dominent la mise en mémoire. Puis, à partir de 1967, on sent comme une volonté de marquer durablement le souvenir de Jean Moulin, soit dans des lieux plus imposants, soit par des écrits, soit par des cérémonies qui deviendront essentielles, comme au Panthéon ou à Caluire (Rhône). Au Panthéon, la cérémonie du 17 juin se met en place à partir de 1967. A Caluire, cette même année, est créée la journée de la Résistance, le dimanche le plus proche du 21 juin. Ceci pour le contexte.

Désormais je propose de saisir l’origine du monument. Je laisserai de côté, faute de temps, les aspects pourtant particulièrement intéressants de l’inauguration du mémorial (que je mets cependant dans ce texte), pour démontrer comment il est devenu, dès son origine, et contrairement aux propos de Maurice Agulhon, un lieu essentiel de mémoire, non seulement pour Jean Moulin, mais aussi pour la Résistance.

Le mémorial de Salon doit beaucoup à un petit groupe d’hommes, dont Bernard Bermond, qui ont œuvré avec acharnement pour la réalisation de ce monument unique dans la construction de la mémoire de Jean Moulin. Il représente une étude de cas parfaite pour ceux qui veulent comprendre comment la mémoire de la Résistance se met en place près de deux décennies après la guerre. Il montre qu’au-delà de clivages politiques bien naturels, des réseaux se constituent en articulation avec Laure Moulin pour maintenir vivant l’homme qui désormais les représente tous. Ils n’ont pas connu de près ni de loin celui qui a été panthéonisé mais ils se reconnaissent dans son combat. Le mémorial de Salon est autant dédié à Jean Moulin qu’à tous ceux qui ont fait le choix de dire non.