Mémorial Jean Moulin
Salon-de-Provence

Rapport d'activités du colonel Paul RIVIÈRE

Texte de Claude Rivière d'après le rapport d'activité de son père, le colonel Paul Rivière, rédigé juste après la Libération.

Dans le rapport d'origine, Paul Rivière est toujours cité comme "Le Rapporteur". Nous avons préféré remplacer partout ce terme par son vrai nom.

Les nombreux pseudonymes cités peuvent correspondre à des pseudos pour Londres ou pour la France (toujours différents). Dans la mesure du possible, les véritables noms des personnes sont soulignés.

Ce texte est à considérer comme la retranscription annotée d'un rapport subjectif où les sentiments et les impressions du rapporteur sont livrés en l'état.


1. SITUATION DANS LA ZONE SUD

a) Éléments de la Résistance

A partir de l'Armistice, il y a eu trois principaux mouvements français de résistance dans la zone sud, avant la participation active des communistes. Ces trois mouvements étaient :

  • COMBAT, constitué dans une large mesure par les partis du centre tels que "l'Alliance Démocratique". Le chef de ce mouvement était FRENAY (& CHARVET).
  • FRANC TIREUR, représentant les partis de la gauche modérée, tels que les "Radicaux Socialistes". Le chef de ce mouvement était Jean-Pierre LEVY (& LENOIR).
  • LIBERATION, représentant le parti Socialiste S.F.I.O. Le chef de ce mouvement était Emmanuel d'ASTIER de la VIGERIE (& STAR & BERNARD).

Au printemps de 1942, Jean MOULIN (& MERCIER & REX), préfet de l'Eure-et-Loir, vint en Angleterre via l'Espagne, s'offrant de repartir en France pour coordonner ces mouvements indépendants de résistance. Ayant été rejeté par la section F., REX fut recruté par la section R.F. et renvoyé en France (voir plus loin le bref historique des activités de Rivière, sous-paragraphe b), comme représentant du Général de Gaulle et de la France Libre.

Il fut plus tard décidé de nommer un chef d'opérations pour la Zone Sud qui devrait fournir les trois mouvements en armes et matériel de sabotage. Les mouvements eux-mêmes conservaient leurs activités politiques et de propagande propres mais unissaient leurs groupes d'action -plus tard les M.U.R. (Mouvements Unis de la Résistance)-. Raymond FASSIN (& BARSAC & SIF/PERCH) fut alors nommé Chef d'Opération de la zone sud, remplacé plus tard par Bruno LARAT (& XAVIER & HADDOCK) puis, après l'arrestation de ce dernier, par Rivière.

La section d'opérations pour laquelle travaillait Rivière fut connue successivement sous les noms de : S.O.A.M. (Services des Opérations Aériennes et Maritimes), C.O.P.A. (Centre d'Opérations de Parachutage et Atterrissages) et enfin S.A.P. (Section d'Atterrissage et de Parachutage), ainsi qu'elle était nommée quand Rivière remplaça XAVIER et prit le pseudo de MARQUIS. Il doit être rappelé que cette section n'était pas responsable des activités militaires ou de sabotage, mais uniquement de la réception et de la distribution du personnel et du matériel, ainsi que de l'évacuation du personnel par des avions HUDSON ou LYSANDER.

b) Situation concernant le recrutement par Rivière

A trouvé ses recrues parmi des étudiants, des paysans et des ouvriers. Globalement, il a trouvé la grande bourgeoisie plus encline à la collaboration ou à "l'attentisme" que les classes défavorisées. Il a toujours trouvé les partis socialistes désireux et impatients de travailler activement. Les F.T.P., après l'entrée de la Russie dans la guerre, n'étaient pas directement en contact avec Rivière, mais étaient occasionnellement approvisionnés en armes.

D'une façon générale, il a noté que, bien que le recrutement fût plus difficile en 1941 qu'en 1944, il était plus satisfaisant; il pouvait être sûr qu'un homme désireux de travailler activement dans la période initiale avait de fortes chances d'être motivé par des sentiments patriotiques et prêt à travailler, quel que fut le danger, alors que, à partir de 1943, les hommes jeunes étaient souvent tentés de rejoindre la Résistance afin d'échapper au travail en Allemagne.

2. BREF HISTORIQUE DES ACTIVITES DE PAUL RIVIÈRE

a) Avant septembre 1941

Paul Rivière a servi dans l'armée française de 1939 à 1940, où il fut blessé durant les combats menés par les cadets de Saumur au pont de Gennes. Il quitta l'hôpital en 1940 et commença à chercher un moyen de faire de la résistance. Tout d'abord, il rejoignit ses amis dans des activités de propagande générale. En janvier 1941, il prit contact par l'intermédiaire d'un ami avec un anglais qui s'occupait d'évacuer des gens de France par la mer. Il organisa son départ pour Londres par cette voie et, après des retards divers, la date fut fixée au 1er mars 1941. Cette tentative s'étant avérée vaine, il rompit le contact car il soupçonnait que cet "anglais" était probablement quelqu'un qui cherchait à tirer un profit facile de ses "clients".

Rivière retourna donc à sa profession civile qui était d'être professeur dans un collège jésuite à Lyon. En septembre 1941, il fut présenté par le Père CHAILLET à FRENAY, chef de COMBAT.

b) Activités dans l'organisation COMBAT - septembre 1941 à janvier 1942

En septembre 1941, FRENAY engagea Rivière. L'organisation était à cette époque principalement engagée dans la publication de journaux clandestins, en particulier "Les Petites Ailes", plus tard "Combat" et "Libération". On lui confia la tâche d'organiser les services de distribution sur Lyon, TOULOUSE et CLERMONT-FERRAND. Il agissait en qualité de représentant de FRENAY à Toulouse.

Arrivée de SIF.

Le 25 décembre 1941, REX & SIF/PERCH et HERVE/PERCH, adjoint W/T[1] de SIF, furent parachutés "blind" dans le Vaucluse[2]. En janvier 1942, ils arrivèrent à Lyon pour contacter FRENAY. Rivière les rencontra par l'intermédiaire de ce dernier et travailla dès lors comme officier de liaison entre SIF et FRENAY.

SIF était venu en tant que chef d'opérations pour COMBAT. Rivière préférait ce travail d'action au travail de propagande qu'il faisait pour FRENAY et il délaissa peu à peu cette tâche pour devenir finalement le lieutenant de SIF.

c) Travail au S.O.A.M. - Réseau C.O.P.A. - février 1942 à juin 1942.

Rivière prit le nom de SIF bis. Son travail consistait à trouver des terrains pour les opérations de parachutage, des locaux pour les opérations de W/T et gérer un service de courrier pour assurer la liaison entre la W/T et SIF. En février 1942, le réseau reçut sa première opération de parachutage.

d) Arrestation et emprisonnement de Paul Rivière - juin à novembre 1942.

Le 22 juin 1942, Rivière dirigea une opération de parachutage près de Clermont-Ferrand. Elle consistait en six containers et un agent, GRIES & SIF A. On lui avait donné une adresse à Clermont-Ferrand et une maison sûre par l'organisation COMBAT. L'occupant de cette maison, inconnu de Rivière, avait déjà été reconnu coupable d'activités de résistance. Lui-même et sa maison étaient donc sous la surveillance de la police. A l'arrivée de Rivière et de GRIES, le lendemain de l'opération, eux et tous les occupants de la maison furent arrêtés.

Quand la police arriva, il avait sur lui tout le courrier arrivé de Londres, avec l'argent et certaines informations sur des terrains d'atterrissage près de Châteauroux qu'il avait réunies lui-même, ainsi que des exemplaires de "Libération" et "Combat". Il s'arrangea pour cacher le courrier dans de vieilles chaussures pendant l'enquête des policiers et celui-ci ne fut pas trouvé pendant la fouille de la maison. Pendant l'interrogatoire, il justifia son plan des terrains de parachutage en prétendant qu'il réunissait des informations pour une étude géographique. Son histoire fut acceptée. Aucune charge ne fut relevée contre lui pour être impliqué dans une opération de parachutage, en dépit du fait que ses chaussures et son pantalon étaient couverts de sable.

Lui et GRIES furent accusés et reconnus coupables d'activités de propagande. Ses états de service militaires furent pris en compte et il fut condamné à quatre mois de prison. GRIES fut condamné à six mois. Pendant son séjour en prison, Rivière put communiquer avec SIF par l'intermédiaire de la Directrice de la "Maison des Etudiants" qui portait des messages pour lui. Il était donc constamment en contact avec le travail du réseau et fut capable de contacter SIF facilement après sa libération.

e) Activité de Rivière après sa libération - octobre 1942 à juin 1943.

Quand Rivière fut relâché, SIF était devenu le chef de toutes les opérations de parachutage et d'atterrissage pour la Zone Sud. Les divers mouvements politiques avaient unis leurs groupes d'action. Rivière fut nommé chef du Secrétariat des Courriers de SIF. En tant que tel, il était responsable de la direction du service de courrier entre les chefs régionaux et SIF.

f) Première visite de Rivière à LONDRES - juin à juillet 1943

Le 17 Juin 1943, Rivière accompagna SIF à Londres par HUDSON. SIF devait se voir confier une mission D.M.R.[3] pour la région A (Zone Nord) et Rivière devait, après un entraînement Lysander, être envoyé en Zone Nord. SIF fut remplacé par LARAT & XAVIER/HADDOCK qui arriva peu avant leur départ.

Deux jours après leur arrivée à Londres, REX, XAVIER, SIF prime et environ une douzaine de chefs de région furent arrêtés lors d'une réunion à Caluire. Cela changea les plans en ce qui concernait Rivière. Après son entraînement aux STS[4] 51 et 61 en Angleterre, il fut renvoyé en Zone Sud comme chef des opérations à la place de XAVIER.

g) Retour de Paul Rivière en France et activités - juillet 1943 à mai 1944.

Rivière fut parachuté en Zone Sud le 22 juillet 1943. Son nom de code était alors GALVANI et ses lieutenants, courriers et autres collaborateurs, devinrent GALVANI bis, ter, 4, 5, etc. Pendant cette période, depuis l'arrestation de XAVIER jusqu'à l'arrivée de Rivière, un spécialiste Eurêka nommé NARD & PERI avait pris en charge le réseau. Cette nomination, qui avait été faite localement par JANNICK (Geneviève FASSIN), n'était pas acceptée de bon coeur par les chefs régionaux et les relations étaient devenues tendues. La sécurité de NARD et le comportement général laissaient beaucoup à désirer. Deux jours après l'arrivée de Rivière, NARD monta une opération Hudson dont la sécurité était déplorable. Cela fit perdre à NARD sa licence R.A.F. d'atterrissage; il quitta le réseau et fut plus tard arrêté à Paris. GALVANI jugea nécessaire d'abandonner presque tous les contacts de NARD et recommença l'organisation du réseau à zéro.

h) Deuxième visite de Rivière à Londres - mai à juin 1944

En raison d'un incident malheureux concernant une opération Hudson (voir plus loin l'article Comités de Réception), Rivière perdit aussi sa licence R.A.F. et, en Juin 1944, il retourna à Londres pour clarifier la situation avec les autorités. Il fut retenu à Londres par le blocage "D Day" concernant les agents devant être renvoyés en France. Le 6 juin, il rencontra De Gaulle et ne fut parachuté que le 7 Juin. Pendant son absence, le réseau avait été contrôlé par JANNICK.

i) Travail de Rivière à partir du débarquement.

Rivière continua de vivre clandestinement à Lyon et poursuivit son travail jusqu'à huit jours avant la libération de Lyon quand il fut forcé de prendre le maquis car il était alors impossible d'entrer ou de sortir de la ville.

3. COUVERTURE

a) Cartes d'identité

Rivière conserva sa vraie carte d'identité jusqu'à son arrestation en juin 1942. Quand il fut libéré de prison en novembre 1942, il dut changer son identité et obtint une nouvelle carte de CORDIER MACKEREL MINOR (secrétaire de REX), enregistrée à Nice. Après sa première visite à Londres, on lui fournit des papiers d'identité mais ceux-ci ne furent jamais utilisés car ils n'étaient pas enregistrés. Il obtint des papiers enregistrés par l'intermédiaire de son adjoint Georges ULMER (& GALVANI ter & DEPUTE), dont la position dans la police rendait la chose possible.

b) Autres papiers

Parmi d'autres papiers, Rivière avait un certificat de travail comme ouvrier agricole à Lyon et une carte de chauffeur de la police. Il possédait également une carte allemande qui lui permettait de circuler et confirmait son emploi de chauffeur de la police. Ces cartes de police étaient fausses mais, pourvu que les vérifications fussent faites auprès du secrétariat normal de la préfecture de police, il était couvert.

c) Couverture.

Au début, Rivière n'avait pas de couverture, car il n'y avait pas de contrôles très stricts jusqu'à octobre 1943. Plus tard, il eut trois couvertures : premièrement son travail de chauffeur de la police qui lui permettait de circuler avec le commissaire (DEPUTE). Cela était particulièrement utile pour se rendre sur les opérations d'atterrissage ou de parachutage.

Deuxièmement, il avait la couverture d'agent commercial pour la Société des Chars et Automobiles. Il portait des papiers et des prospectus qui lui permettaient de passer des contrôles relâchés.

Troisièmement, il avait la couverture d'agent d'assurances. Pour cela, il avait diverses polices d'assurance dans la poche. Il utilisait également cette couverture pour son secrétariat.

4. ORGANISATION.

a) RESEAU PERCH (voir appendice A).

  • Bureau central.

    SIF, comme coordinateur, avait deux secrétariats :

    • Secrétariat courrier sous les ordres de Rivière (SIF bis) avec une secrétaire, GISELE.
    • Secrétariat Opérations sous les ordres de SIF prime avec une secrétaire, SIF 5 (Carole).
    • Un agent de liaison assurait la connexion entre le secrétariat Opérations et l'opérateur W/T, PERCH MINOR. En principe, les deux secrétariats étaient séparés, en pratique cependant, ils étaient connus l'un de l'autre. L'agent de liaison portait les messages entre les deux secrétariats mais ne savait pas l'adresse réelle des bureaux, contactant les deux secrétaires, GISELE et SIF 5 à des rendez-vous fixés.

  • Régions.

    Le réseau était divisé en trois grandes régions dans lesquelles étaient situés les terrains d'atterrissage et de parachutage.

    • R1 - R2 (zone sud-est) qui était directement contrôlée par SIF car cette région était largement utilisée pour les opérations d'atterrissage.
    • R3 - R4 (zone sud-ouest) qui était contrôlée par PAPE
    • R5 - R6 (zone Centre) qui était contrôlée par PAIR.
    • Chaque région avait ses propres équipes de réception, recrutées dans l'Armée Secrète mais revenant directement sous le contrôle du réseau PERCH quand elles étaient employées pour des opérations de réception. Chaque chef régional avait son propre secrétariat, son W/T et son réseau de courrier et était seul concerné pour les activités du réseau PERCH. Cette organisation s'appliqua aussi au réseau GALVANI par la suite.

b) RESEAU GALVANI (voir appendice B)

  • Bureau Central.
    • Adjoint. Rivière, en tant que coordinateur, avait un adjoint, ULMER (& DEPUTE & GALVANI ter), qui l'accompagnait dans la plupart des opérations de réception et prenait part aux comités où GALVANI ne pouvait être présent. DEPUTE était également responsable du renseignement, en particulier du renseignement de police, pour lequel il était inestimable, puisqu'il était capable de se faire passer pour un agent de la Gestapo et était lui-même commissaire dans la police de Lyon.
    • Secrétariat et Intendance. Rivière avait deux secrétariats, semblables en fonction à ceux de PERCH. Le travail des deux secrétariats était coordonné par SENATEUR & JANNICK & GALVANI bis (vrai nom Geneviève FASSIN), l'épouse de SIF qui était elle-même chef du secrétariat W/T. Le secrétariat courrier était contrôlé par GALVANI 4. Rivière avait également un service d'administration s'occupant des dépôts, transports, maisons sûres et services sociaux.
  • Régions.

    Sous l'autorité de Rivière, les organisations régionales de réception furent étendues et développées. Il devint alors nécessaire de les subdiviser de la façon suivante :

    • R1 (Saône-et-Loire, Loire, Rhône, Ain, Haute-Savoie, Savoie). Les opérations y furent largement contrôlées par Rivière ou DEPUTE quand elles concernaient des atterrissages Hudson ou Lysander. Jean Triomphe (EDILE) était le chef de région et fut plus tard assisté de DIACRE après l'arrivée duquel la région fut divisée en deux.
    • R2 (Drome, Vaucluse, Bouches-du-Rhône, Var, Alpes-Maritimes, Basses et Hautes-Alpes), contrôlée par :
      • FASSIAUX jusqu’à août 1943 (remplacé),
      • BARBIER (arrêté peu de temps après son arrivée),
      • GALVANI 3 (période d’intérim),
      • ARCHIDUC (arrivé en septembre 1943, se cassa la jambe et fut incapable de reprendre son activité avant avril 1944. Rappelé à LONDRES),
      • CURE.

      Les opérations d'atterrissage ne furent effectuées en R2 qu'après avril 1944, car ARCHIDUC avait une licence R.A.F.

    • R3 (Lozère, Aveyron, Hérault, Tarn, Aude, Ariège), contrôlée par :
      • PAPE (alla plus tard contrôler R4, tout en gardant le contrôle de R3)
      • MARECHAL (arrêté)
      • NONCE
    • R4 (Basses et Hautes-Pyrénées, Gers, Lot-et-Garonne, Lot, Tarn-et-Garonne), contrôlée par :
      • PAPE (rappelé à Londres en février 1944)
      • SULTAN
    • R5 (Dordogne, Corrèze, Haute-Vienne, Indre), contrôlée par :
      • PAIR (a également contrôlé jusqu'à mai 1943 la région R6. Quand la zone a été subdivisée, il en a gardé le contrôle tout en contrôlant directement R6)
      • BLAISE (période intermédiaire)
      • LAPLACE (arrivé en décembre 1943, arrêté en 1944 à Limoges)
      • BARON
    • R6 (Cantal, Haute-Loire, Puy-de-Dôme, Allier), contrôlée par :
      • PAIR (plus tard nommé D.M.R. pour la région P, arrêté en juillet 1944)
      • EVEQUE (tué en mai 1944)
      • DEPUTE
    • B1 et B2. Ces deux régions côtières s'étendant de Nantes à Biarritz faisaient à l'origine partie de la Zone Nord, mais furent contrôlées en intermittence par Rivière.

5. RECRUTEMENT

Rivière n'a jamais recruté ses amis personnels, à moins qu'ils ne le lui demandent, premièrement parce qu'ils connaissaient son vrai nom et son adresse, et deuxièmement parce qu'il considérait qu'il serait injuste de leur demander d'effectuer un travail qu'en tant qu'amis, ils auraient été gênés de refuser.

Quand le recrutement était fait, Rivière essayait toujours de rencontrer les recrues sans leur faire connaître son nom. Cela s'appliquait aux recrues pour son bureau central, c'est-à-dire les agents de liaison, etc., ou pour des opérations directement sous son contrôle, mais pas pour des recrues destinées aux chefs régionaux. Du fait qu'il avait été professeur, Rivière était habitué à se faire rapidement une idée du caractère d'un homme. A la première entrevue, Rivière enlevait ses lunettes, portait un chapeau ou changeait légèrement son apparence afin d'éviter d'être reconnu par la suite. Il insistait sur le fait qu'ils ne devaient rien espérer de plus qu'une éventuelle arrestation ou même la mort. Il leur donnait ensuite une semaine pour réfléchir avant de les accepter. S'ils revenaient après cette semaine, Rivière pouvait être sûr qu'ils travailleraient bien.

Au début, il leur donnait de petits travaux à faire, tels que porter des messages à Marseille et Toulouse et revenir dans un certain délai à un rendez-vous prévu, avec une réponse. La nouvelle recrue était alors questionnée sur la façon dont il avait mené sa mission et, s'il semblait avoir été prudent, on lui donnait des tâches demandant plus de responsabilités.

Les recrues savaient seulement qu'elles travaillaient contre les allemands dans un mouvement de résistance.

6. ENTRAINEMENT

Rivière donnait à ses recrues des instructions leur permettant de semer des poursuivants et leur disait de ne jamais aller à une boîte aux lettres s'ils pensaient être suivis mais de faire un détour et de ne revenir que lorsqu'ils étaient certains de ne pas être observés.

On leur recommandait d'avoir un motif pour leur trajet jusqu'à un rendez-vous et, si possible, le nom et l'adresse d'une personne à proximité, qu'ils pourraient prétendre aller voir. Cette adresse était choisie dans le Bottin.

Aucun entraînement de sabotage n'était donné dans l'organisation de Rivière.

7. SALAIRE

Les membres des comités de réception n'étaient pas payés car ils pouvaient conserver leur propre emploi mais quiconque dont les services étaient requis de façon permanente était rémunéré par un salaire fixe. Les dépenses de voyage des courriers étaient payées et les comptes étaient rendus à leur retour au secrétariat et transmis à Rivière. Le chef des courriers avait la responsabilité de transmettre ces comptes au secrétariat et de payer les courriers. Tous les agents étaient considérés comme des soldats en service actif et leurs ayant-droit pouvaient bénéficier d'une pension si ces agents étaient tués ou arrêtés.

8. REGLES DE SECURITE

Chaque recrue était prévenue que des mesures sévères seraient prises s'il parlait trop.

9. LOCAUX

En 1941, Rivière habitait dans un hôtel d'étudiants tenu par la femme qui lui rendit plus tard visite en prison et colporta les messages entre SIF et lui.

Après sa sortie de prison, il prit un appartement à Lyon qu'il louait normalement, déclarant sa profession d'agent d'assurances. Il gardait tous ses papiers dans son appartement. Personne dans l'organisation ne connaissait son adresse. La concierge pensait qu'il travaillait à la Préfecture et disait cela à toute personne qui posait des questions sur Rivière.

Maisons de confiance

Les agents arrivant par des opérations d'atterrissage ou de parachutage étaient parfois emmenés dans un hôtel à Lyon avant d'être envoyés à leurs contacts respectifs. Le propriétaire de l'hôtel savait qu'ils travaillaient dans la Résistance et qu'ils arrivaient d'Angleterre. Une fiche était remplie par le propriétaire à leur arrivée au cas où il y aurait un contrôle des occupants. Une fois que l'agent était parti, la fiche était détruite et non envoyée à la Préfecture.

Avant l'arrivée des agents, Rivière essayait de prévenir leurs contacts qu'ils étaient attendus à une date donnée et leur demandait de prévoir un transport aussi vite que possible après cette date. Après que les agents étaient arrivés, ils étaient placés dans une maison de confiance. Rivière rencontrait le contact et réglait les derniers détails pour transporter les agents dans la région où ils devaient travailler.

Bureaux

Le secrétariat avait un vrai bureau qui devait être changé de nombreuses fois. Parfois il s'agissait d'une chambre dans la maison d'un ami ou parfois des locaux commerciaux et, dans ce dernier cas, la couverture d'agent d'assurances était utilisée. Ces locaux n'étaient jamais utilisés comme lieux de rendez-vous quand ils étaient encore utilisés par le secrétariat mais, une fois que celui-ci était déménagé dans de nouveaux locaux, l'ancien bureau était parfois conservé comme lieu de réunion après que tous les papiers, etc. avaient été enlevés. Seul Rivière, sa secrétaire, l'agent de liaison et le chef des courriers connaissaient l'emplacement du bureau du secrétariat. Les bureaux étaient changés de temps à autre, même s'il n'y avait pas de danger apparent.

Lieux de rendez-vous

La rencontre se faisait entre autres dans un couvent, un hôpital ou un restaurant appartenant à un ami de Rivière qui leur laissait utiliser une arrière-salle. Une sentinelle était postée si nécessaire. Le système de garde de l'endroit était le suivant : une seule des sentinelles connaissait l'endroit précis. On disait aux autres d'observer les rues avoisinantes et, si la police arrivait, la première sentinelle qui les avait repérés devait prévenir la sentinelle qui connaissait l'endroit du rendez-vous.

Dépôts d'armes

Les armes étaient stockées dans les caves de maisons amies et Rivière avait un grand dépôt dans l'école jésuite où il avait enseigné. Un autre dépôt se trouvait sous la scène dans un théâtre appartenant à l'abbé BOURSIER (voir Pertes).

10. COMMUNICATIONS INTERNES

a) Courriers

Les communications étaient entretenues entre Rivière et ses chefs régionaux par des courriers à travers le secrétariat aux communications internes. La poste, le téléphone et les services du télégraphe n'étaient jamais utilisés.

La tâche du chef des courriers était de répartir entre les différents courriers les ordres qu'il recevait lors des rendez-vous avec la secrétaire. Les courriers contactaient ensuite la boîte aux lettres correspondant aux chefs régionaux. Ces messages contenaient en général une heure et un lieu de rendez-vous avec Rivière ou son adjoint si c'était nécessaire.

b) Rendez-vous

Des signaux de reconnaissance étaient utilisés aux rendez-vous, tels qu'avoir de la difficulté à allumer une cigarette, et aucun des deux partis n'attendait plus de dix minutes à un endroit donné. Si l'autre ne venait pas, Rivière allait alors au rendez-vous de rechange et attendait là.

La méthode suivante de rendez-vous était parfois utilisée : aux dates paires, le rendez-vous était à midi ou 16 heures à un certain endroit, et aux dates impaires, un autre endroit était choisi. Quand la rencontre avait eu lieu, un autre rendez-vous était fixé pour la réponse. Cette méthode s'est avérée plus sûre que les boîtes aux lettres et, vers la fin, le système des boîtes aux lettres fut abandonné en faveur de rendez-vous fixés.

A Lyon, l'agent de liaison délivrait les lettres directement aux divers appartements. Rivière utilisait pour lui-même soit la vraie boîte aux lettres d'un ami ou en apposait une supplémentaire dans un grand ensemble d'appartements sous un faux nom. L'agent de liaison avait la clé de cette boîte aux lettres et était donc en mesure de la relever lui-même. Les boîtes aux lettres personnelles de Rivière étaient changées de temps à autres.

c) Codes

Les codes n'étaient pas utilisés pour les messages complets sauf quand Rivière était en prison et que lui et SIF correspondaient alors en Playfair (voir : http://codekeeper.free.fr/histoire.html), mais un code Playfair était mis en place aux réunions mensuelles de Rivière avec ses chefs régionaux. Ceci était utilisé seulement pour les noms compromettants dans les messages écrits.

11. COMMUNICATIONS EXTERNES

Opérateurs W/T.

Il y avait quatre opérateurs W/T travaillant pour le réseau PERCH. Les messages codés étaient envoyés par JANNICK par courrier au courrier de l'opérateur W/T qui rencontrait le courrier de JANNICK à un rendez-vous fixé. L'opérateur W/T ne connaissait jamais le contenu des messages qu'il envoyait ou recevait car c'était JANNICK qui s'occupait de tout le codage pour l'organisation.

Plus tard, Rivière eut des opérateurs séparés pour envoyer et recevoir les messages ainsi qu'un service d'écoute pour les messages B.B.C. Ce dernier service était pris en charge par Henri DEVILLIERS (& ESQUIMAU), l'oncle de JANNICK qui travaillait aux Postes et dont le travail consistait simplement à noter tous les messages B.B.C. émis chaque nuit et à les envoyer par courrier à Rivière. Ainsi, il ne savait pas quels messages concernaient le réseau ni ce qu'ils signifiaient.

Les opérateurs W/T changeaient de local très souvent et restaient en contact avec le secrétariat par leurs courriers; leurs adresses n'étaient pas connues du secrétariat. Il ne leur était pas nécessaire de transporter leur matériel car ils avaient un poste dans chaque maison. Quand ils déménageaient vers un autre endroit, le poste de la maison précédente était camouflé et caché.

Les messages importants étaient parfois gardés quelques temps par le secrétariat après que tous les noms et les informations compromettantes avaient été supprimés.

Autres méthodes

Des messages étaient également envoyés à LONDRES par les Lysanders, comme les opérations d'atterrissage avaient lieu tous les mois. Les lettres courantes n'étaient jamais utilisées, pas plus que la communication par courrier via les pays neutres.

12. CONTRE-ESPIONNAGE ENNEMI

Milice.

Il y avait de nombreux miliciens dans la région, aussi bien en civil qu'en uniforme. Rivière remarque que les contrôles effectués par la Milice étaient plus difficiles à passer, étant donné qu'ils pouvaient repérer les papiers qui n'étaient pas en règle, alors que les allemands n'étaient pas aussi familiarisés avec les papiers français.

Gestapo.

La Gestapo était bien organisée dans la région. Leur interprète, qui était présent lors de tous les interrogatoires, travaillait pour la Résistance et a pu sauver la vie de plusieurs français. Parmi les informateurs de la Gestapo se trouvaient de nombreux italiens et nord-africains à côté des membres allemands.

Contrôles.

Les contrôles étaient effectués sur la route et dans les trains par la police française aussi bien qu'allemande. Rivière a toujours été prévenu des contrôles français par son contact avec le commissariat de police mais les contrôles allemands étaient fait de façon imprévisible.

Les courriers qui avaient des messages les transportaient camouflés en lettres privées, timbrées et adressées. S'ils étaient arrêtés, ils pouvaient dire qu'on leur avait demandé de poster la lettre pour quelqu'un qu'ils avaient rencontré. Un courrier avait un porte-documents à double fond dans lequel il avait l'habitude de cacher ses messages.

Provocateurs.

Les allemands avaient des agents dans les grands cafés, parfois employés comme serveurs, mais l'organisation de Rivière ne fréquentait pas ces cafés.

Traîtrise.

Un opérateur W/T, PAIN (SKATE MINOR), qui avait travaillé pour SIF et XAVIER, fut arrêté par les allemands et relâché après avoir promis de travailler pour eux. Rivière fut prévenu par son service de renseignement à Lyon qu'un homme qui essayait de le contacter était un agent de la Gestapo. Cet homme était décrit comme ayant été blessé à l'épaule gauche.

Le jour suivant, Rivière reçut une lettre de PAIN lui demandant de fixer un rendez-vous pour le rencontrer. Rivière alla le voir avec un garde et s'aperçut qu'il avait été blessé à l'épaule. Il estima que son histoire d'évasion de prison était très improbable et l'arrêta. Il fut peu après envoyé à Londres par Lysander. Plusieurs arrestations suivirent parmi les opérateurs radio que PAIN avait connus.

13. PERTES

(Autres que l'arrestation de Rivière et les arrestations de divers chefs régionaux dont les détails sont mentionnés plus haut)

a) ERIC A (HERITIER) fut arrêté quelques jours après la première opération Eurêka. Rivière l'envoya chercher une valise de faux papiers à Lyon et, quand il arriva à la gare, il fut arrêté par 20 policiers français. ERIC A avait passé la nuit avec le chef de gare à Cormatin et lui avait acheté son ticket pour Lyon-Vaise le matin suivant. Il apparaît probable que le chef de gare avait averti la police à Lyon qu'un individu suspect arrivait et leur avait donné son signalement. C'est la seule explication d'une telle force de police attendant à Lyon-Vaise. Personne d'autre ne savait que ERIC A descendrait à cette station. ERIC A avait travaillé comme instructeur de sabotage et spécialiste Eurêka pour le réseau SKATE et, quand SKATE était parti à Londres, avait reçu l'ordre de se présenter à Rivière. Il connaissait seulement Rivière et SIF, et n'avait jamais posé aucune question sur eux.

b) SIF C (SIMON) fut arrêté pendant qu'il transportait des armes en camion sur Marseille. Il rencontra un contrôle et fut arrêté, probablement dénoncé par le conducteur du camion. A la suite de son arrestation, un des membres de l'équipe de réception du terrain MARGUERITE fut arrêté. Il avait été précédemment en contact avec SIMON.

c) BERGER. En février 1943, un membre de Franc-Tireur fut arrêté à une boîte aux lettres à LYON. Il avait été dénoncé à la Gestapo par l'un de ses amis.

d) Au début de mai 1944, EVEQUE et un ami furent tués par la Gestapo dans le maquis. Il roulait en voiture dans le maquis avec trois amis quand ils rencontrèrent une autre voiture. Comme on trouvait rarement des voitures dans cet endroit, EVEQUE arrêta la sienne et interrogea les deux occupants. Ces derniers dirent qu'ils allaient voir un chef de maquis car ils souhaitaient joindre le maquis, et montrèrent leur soulagement de voir que les personnes qui les avait capturés étaient eux-mêmes des hommes du maquis et non de la police. EVEQUE et ses amis qui avaient des soupçons, dirent qu'ils iraient avec eux et montèrent dans leur voiture, oubliant de prendre la précaution de les désarmer. Un court moment après, la voiture tomba en panne et les deux hommes, qui étaient en fait des agents de la Gestapo, sortirent pour réparer. Quelques minutes après, l'un des deux revint, comme pour prendre un outil, et sortit à la place une mitraillette avec laquelle il tira sur EVEQUE et le tua sur le coup. Les autres sautèrent de la voiture et essayèrent de tirer sur les agents de la Gestapo mais furent tous tués. Plus tard, les deux agents furent retrouvés dans une ferme proche où l'on retrouva leur trace grâce à des taches de sang venant de la blessure que l'un d'entre eux avait subie lors de la bagarre. (DEPUTE devint chef de la région 6 après la mort d'EVEQUE).

e) En juin 1944, l'abbé BOURSIER fut arrêté à la suite d'un sermon qu'il prêcha le Dimanche suivant l'invasion alliée. Il tenait un grand dépôt d'armes dans un théâtre et avait organisé plusieurs caches pour des agents, y compris sa propre maison. Il fut probablement dénoncé par un jeune milicien qu'il croyait être du côté de la Résistance. BOURSIER fut arrêté avec son vicaire et un jeune opérateur W/T, ALOUETTE, qui était arrivé d'Alger. Il fut torturé puis mis à mort juste avant la libération de PARIS.

f) Le 22 juin 1943, REX, XAVIER, SIF prime et cinq autres membres du réseau SIF furent arrêtés par la Gestapo. L'arrestation eut lieu le jour suivant une réunion dans l'un des bureaux et ils furent probablement dénoncés par HARDY (DIDOT) qui était un membre de la résistance pour les cheminots (détails inconnus).

g) Le 24 juillet 1943, deux jours après le retour de Rivière d'Angleterre, la totalité du réseau PAIR fut arrêtée à Lyon. PAIR lui-même avait rendez-vous avec Rivière et avait quitté son appartement pour ce rendez-vous quand la Gestapo arriva. Il quitta Lyon immédiatement et partit pour Clermont.

h) En novembre 1943, PAKEBO (PELLY), un jeune saboteur qui était arrivé avec Rivière pour détruire des barrages sur la Saône, fut arrêté. Il n'avait aucun sens de la sécurité ; il volait des voitures pour transporter ses explosifs et portait des vêtements voyants. Il travailla avec Rivière mais ne connaissait qu'une boîte aux lettres et n'avait aucune information sur le reste de l'organisation.

i) Le 3 janvier 1944, CHINOIS, un opérateur W/T, fut arrêté par la Gestapo. Cela se produisit à la suite de l'arrestation de sa soeur et de son fiancé qui travaillait en R6 le 2 Janvier. Ses parents envoyèrent un courrier pour prévenir CHINOIS. Ce dernier avait donné son adresse de transmission à ses parents. A 11 heures dans la nuit du 2 Janvier, CHINOIS écrivit une lettre à Rivière, lui demandant s'il devait partir, à laquelle Rivière répondit "pars immédiatement", mais à minuit, un autre courrier apporta la nouvelle que CHINOIS avait été arrêté, avait tenté de résister et avait été tué.

j) Le 12 janvier 1944, l'agent de liaison BERNARD fut arrêté. La raison de cette arrestation est inconnue de Rivière. A la suite de cela, toutes les boîtes aux lettres durent être changées.

k) Le 15, le chef courrier, un juif polonais appelé RAYMOND, fut arrêté à la gare. Rivière l'avait laissé à 13 heures 30 et devait le rencontrer à 17 heures. Personne ne vint alors, pas plus qu'à 19 heures 30. Il se peut qu'il ait été arrêté en tant que juif. Ce courrier connaissait pratiquement tous les locaux et le personnel de l'organisation. Rivière changea son bureau et la Gestapo arriva le jour suivant et ne trouva rien.

14. COMITES DE RECEPTION

Au début, l'organisation envoya ses propres messages B.B.C. à Londres mais, au bout d'un temps, cela devint confus, étant donné que d'autres organisateurs choisissaient des messages similaires. Après juillet 1943, Londres les avisa des messages B.B.C. quand le terrain était accepté pour des opérations. Le chef du comité de réception connaissait le message et la lettre et était informé d'écouter la B.B.C. entre telle et telle date. La nuit où le message passait, il prévenait ses hommes qui attendaient chez eux et ils se retrouvaient sur le terrain.

Le nombre d'hommes dans le comité dépendait du chargement qui devait être reçu. Comme règle, deux hommes étaient assignés à un container et le conducteur du camion se tenait à proximité, prêt à emmener le matériel aussi loin que possible du terrain. Pour les opérations d'atterrissage, sept hommes étaient nécessaires pour les lampes, deux pour le chargement et le déchargement du matériel et une équipe d'environ quinze hommes étaient postés en sentinelles, partaient en quête de renforts. Quand ils revenaient, aucun signe de l'opération ne devait être trouvé.

Les agents qui arrivaient par avion ou parachute étaient rencontrés par leur contact et emmenés chez eux où les papiers étaient examinés, en général par DEPUTE qui était expert en la matière.

En février 1944, Rivière monta une opération Hudson sur le terrain ORION pour apporter en France les fonds que le réseau n'avait pas reçus depuis trois mois, le courrier et dix passagers, parmi lesquels M. et Mme AUBRAC, leur enfant et un sergent de la R.A.F. qui était le survivant d'un avion qui avait effectué une opération de parachutage dans la région de Valence.

Malheureusement, en raison d'un dégel important, le terrain était devenu détrempé et l'avion s'embourba. Néanmoins Rivière parvint à désembourber l'avion après quatre heures de travail pendant lesquelles il employa l'ensemble du village voisin, deux chevaux et deux boeufs.

A la suite de cet incident et des plaintes du sergent de la R.A.F., l'Air Ministry décida de retirer la licence Hudson et Lysander à Rivière en dépit des protestations véhémentes des personnes concernées à Londres. Rivière fut toutefois autorisé à monter une opération sur le terrain AIGLE en Mai 1944, par laquelle il revint à Londres pour éclaircir cette affaire.

15. ACTIVITES DE PROPAGANDE

Quand il travaillait pour FRENAY, Rivière distribuait des journaux clandestins en les livrant à une liste d'adresses prises au hasard. Le papier était parfois reçu d'Angleterre et emporté chez les imprimeurs la nuit par camion ou même par train.

16. LES MAQUIS APRES LE DEBARQUEMENT

Rivière resta à Lyon jusqu'à une semaine avant la libération de la ville. En pratique, l'ensemble des régions 4, 5 et 6 prirent le maquis et restèrent en contact avec Rivière par les courriers. Après juillet 1944, cela devint impossible mais chaque région était organisée pour travailler indépendamment et Rivière resta en région R1.

Appendice A

Appendice B



[1] W.T. - Wireless Transmission : l'ensemble du dispositif de communication radio.

[2] NDLR : ils ont en fait été parachutés dans les Alpilles (Bouches-du-Rhône), dans la nuit du 2 au 3 janvier 1942.

[3] D.M.R. : Délégué Militaire Régional.

[4] STS - Special Training School : centres de formation où passaient tous les candidats destinés à retourner en France en mission.